La lagune de Thau, berceau des activités conchylicoles et de pêche, est un écosystème complexe. Pour lutter contre l’eutrophisation du milieu et se conformer aux objectifs de la directive cadre européenne sur l’eau, d’importants travaux ont été réalisés dans les années 2000 pour réduire les apports issus des stations d’épuration et les incidents sur les réseaux. Ces investissements ont porté leurs fruits et la lagune est aujourd’hui en passe d’atteindre le bon état écologique. Pour autant, d’autres problématiques se font jour, corollaires du fonctionnement de ce milieu naturel et du réchauffement climatique : diminution des apports en eau douce, hausse des températures, diminution des stocks d’espèces comme la clovisse, la palourde, les bibis…, apparition d’espèces invasives comme le crabe bleu, excès de salinité…

Pour comprendre ces évolutions, le SMBT va créer un Réseau d’Observation Lagunaire. Véritable banque de données écosystémiques, ce réseau agrégera les données acquises dans le cadre d’une gestion intégrée de la lagune, associant écologie, risques sanitaires et production conchylicole. Les informations recueillies dans ce ROL seront croisées avec des données provenant des partenaires scientifiques et des données liées aux élevages conchylicoles fournies par les professionnels eux-mêmes, qui seront partie prenante du réseau.

Ce ROL devrait permettre, à termes, d’orienter les pratiques d’élevage, gérer les flux d’azote et de phosphore, évaluer l’état écologique de la lagune, étudier les apports en eau douce… Sa construction s’inscrit dans la continuité du programme Capathau. Porté par l’Université de Montpellier avec le soutien de nombreux partenaires, Capathau a permis de mieux appréhender la capacité trophique de la lagune et d’élaborer différents scénarios d’apports en nutriments et de mesurer leurs impacts sur les productions conchylicoles et l’état biologique du milieu sur la base d’années sèches et d’années pluvieuses.

Pour piloter cet observatoire participatif, où seront impliqués les conchyliculteurs mais aussi des scientifiques et de nombreux partenaires, le SMBT vient de recruter Romain Pete, chercheur en écologie marine et modélisation, qui était déjà chef d’orchestre du projet Capathau.

Étalée sur trois ans (de 2020 à 2023) et estimée à 189 000 euros, cette opération fera l’objet de deux enveloppes distinctes. Une de 69 000 euros (60 000 euros de salaires et 9000 euros de frais de gestion) couvrant les interactions avec les professionnels, le suivi d’études et d’expérimentations, qui sera financée par le fonds européen pour la pêche et l’aquaculture (40%), la Région (40%) et le SMBT (20%). Et la seconde de 120 000 euros (dont 2/3 de salaires) allouée aux aspects techniques de modélisation et d’innovation, qui sera prise en charge par le programme d’investissements d’avenir PIA3 (50%), la Région (30%) et le SMBT (20%). Cette action s’inscrit dans le Défi 2 du DLAL Feamp : « développer des pratiques novatrices ou innovantes dans les activités halieutiques ».